Suicide Food : la vache qui rit va faire la gueule

Un animal “heureux d’être mangé” sur un emballage de viande : c’est de la “Suicide Food”. C’est-à-dire le fait de laisser croire au consommateur que l’aliment d’origine animale qu’il va manger n’a pas souffert. Le concept, initié il y a plus de dix ans par un blogueur américain, était resté confidentiel mais  il réapparaît dans les médias à la faveur de la montée en puissance de l’antispécisme. La représentation d’animaux “qui agissent comme s’ils voulaient être mangés” en dit cependant plus sur l’ascendance que l’homme a pris sur l’animal que sur un cynisme attribué à l’industrie agro-alimentaire. 

Un énième washing

Les marques doivent-elles changer leurs emballages voire être forcées à le faire ? Pour les militants L214, c’est à envisager. Dans un souci de protection des animaux et de défense de leurs intérêts, ces militants exigent le retrait de ces images animales bienveillantes. Une exigence, comme souvent, truffée d’incohérences. 

Le cas “La Vache qui rit” est souvent pris en exemple. D’abord, rappelons cette évidence : aucune vache n’est tuée pour fabriquer du fromage. Ensuite, la vache rouge au sourire charmeur, emblème populaire dessinée par Benjamin Rabier, fait partie du patrimoine de la marque depuis sa création. L’abandonner, ce serait sacrifier un atout marketing aussi puissant qu’une appellation certifiée, pour satisfaire une minorité hurlante et décevoir plusieurs générations de consommateurs… 

Par ailleurs, la dénonciation de la “Suicide Food” assimile fallacieusement le marketing à un vecteur d’expression morale ou idéologique. Il est évident que les animaux ne sont pas “heureux d’être mangés”, mais il est tout aussi certain que ce n’est pas ce que veut faire croire aux consommateurs une vache qui rit… ou qui broute paisiblement sur un pack de lait. Ce n’est pas non plus sur ce seul critère que ces clients fondent leur choix. Pour preuve : la déconvenue de la marque Poulehouse, qui se démarquait par un emballage vendant “l’oeuf qui ne tue pas la poule”, pour un prix trois fois supérieur à une boîte d’oeufs classiques bio de marque distributeur, et qui n’a pas trouvé preneur si l’on en croit la disparition de cette initiative.

C’est le principe même de la publicité et du marketing de sublimer le produit et d’en montrer l’aspect le plus appétissant (donc d’en “dissimuler” l’aspect contestable). Pourquoi l’exigence de “décence” marketing de la “suicide food” se limiterait-elle à la question animale, et ne s’adresserait-elle pas par exemple aux marques de mode, afin qu’elles montrent leurs mannequins dans leurs moments de déprime plutôt que sous un jour heureux ? Les bouchers, quant à eux, ne pourraient-ils pas demander que l’appellation “boucherie” ne soit plus utilisée pour désigner une scène de crime ? Et combien de temps faudra-t-il pour que la mention “aucun animal n’a été maltraité pendant ce shooting” fasse son apparition légale sur les yaourts ? 

Épiphénomène, la dénonciation de la “Suicide Food” est l’un des exemples de la progression d’une intransigeance animaliste allant jusqu’à l’irrationnel et qui à terme menace, du moins contraint, les entreprises dans la gestion de leur marketing.  

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