Flexitarisme : impasse ou nouveau modèle de consommation ?

Sur le compte twitter Naturellement Flexitariens, on peut lire en toutes lettres qu’être flexitarien, c’est “manger varié, avec une viande de qualité.” Le site dont le compte twitter émane propose une définition un peu plus complète de cette pratique alimentaire : “Le flexitarien, cet omnivore du 21e siècle, est un consommateur éclairé, qui mange de tout : des aliments d’origine animale aussi bien que végétale. Libre de choisir son alimentation, il mange en conscience, c’est-à-dire en quantité raisonnée et privilégie autant le plaisir que la qualité, mais aussi l’équilibre et la variété, le local et la durabilité.”

Autre source, autre définition, pour le site gouvernemental “Manger Bouger” le régime flexitarien est une pratique alimentaire flexible, “contrairement à d’autres pratiques alimentaires, comme le régime végétarien ou le régime végétalien, le régime flexitarien n’impose pas d’exclusion alimentaire. L’idée est de, à son niveau et à son rythme, aller vers une alimentation plus « durable » en augmentant les sources de protéines végétales dans ses menus et en diminuant certaines sources de protéines animales comme la viande et le poisson.”

Deux définitions qui sont presque semblables, sauf que derrière la première, c’est le lobby de la viande qui est à la manœuvre et cela suffit, pour certain, à être condamnable. Mathilde Théry, membre de Greenpeace, juge ainsi dans les colonnes du Monde que le “flexitarisme” est “un régime flou récupéré par le lobby de la viande”.

Le Think Tank Mr Mondialisation n’est pas le seul à taper sur ce “lobby de la viande” dont l’objectif masqué serait d’encourager une consommation de viande en perte de vitesse (elle aurait reculé 12% sur les dix dernières années). A quoi serait imputable ce désamour ? à une prise de conscience écologique, peut-être, mais aussi à une augmentation des prix.

La chasse au lobby est ouverte

Car il y aurait un discours hypocrite du lobby de la viande quand il appelle à manger mieux. On peut cependant comprendre qu’il s’adresse aux 35% des français qui, en 2018, se déclaraient déjà flexitariens. Rappelons que le but de ce lobby est de défendre une filière de plus en plus attaquée. Ne serait-il pas temps de se féliciter d’une adaptation de son discours ? En gageant que les actes rejoignent ces déclarations, une consommation raisonnée n’est-elle pas plus envisageable qu’un abandon par l’ensemble de la population de son régime omnivore ? 

Que cette communication ne soit pas au goût de Greenpeace, rien d’étonnant à cela. Pour Mathilde Théry, chargée de campagne alimentation pour l’ONG, « Interbev a une utilisation frauduleuse, ou au moins trompeuse, du terme flexitarisme car ils parlent du “manger mieux”, mais oublient le “manger moins”. » même si elle est forcée de nuancer son propos se félicitant du fait que c’est « une évolution importante de leur discours ».

“ Nous, c’est le goût ? ” 

En s’appropriant le terme “flexitarien” la lobby de la viande est il coupable de greenwashing, est-il simplement opportuniste ou alors serait-il sincère ? 

D’une certaine manière, en parlant de régime “flexitarien” le lobby de la viande n’est pas coupable de grand chose, en effet, ce concept n’appartient à personne et il reste encore à définir : pourquoi ne pourrait-il pas l’être par ceux là même qui ont toujours promu une alimentation sans contraintes ? Car cette nouvelle dénomination accueille à bras ouverts une sous-culture qui commence à agréger de plus en plus d’adeptes. Dans les médias et sur les réseaux sociaux, diverses émissions et influenceurs – “C’est Meilleur Quand C’est Bon” ou Gueuleton en tête – prêchent l’amour des plaisirs de la table, et donc entre autres de la consommation de viande,  tout au long de vidéos visionnées par plusieurs millions de personnes. Ils font la promotion d’un hédonisme résultant du plaisir procuré par la dégustation de produits du terroir, qui obéissent à des impératifs de transparence : circuit court, consommation raisonnée et élevage durable. 

Tendance confidentielle ou réponse au réel agacement des consommateurs qui ne se retrouvent plus dans les extrêmes que sont la frugalité végétarienne ou la malbouffe standardisée ? Le “lobby de la viande” a une place à prendre, il pourrait même, pour ce faire, s’adresser directement à ces nouvelles communautés qui mettent le partage, le terroir et le respect de certaines traditions d’avant l’industrialisation de l’élevage au cœur de leur démarche. 

Faire le procès de ce “lobby”, c’est peut-être plaider pour le bien être animal, mais c’est aussi condamner une culture gastronomique, c’est culpabiliser une partie de la population dont le régime alimentaire ne serait pas conforme à des standards militants. 

Si c’est l’élevage intensif qui pose problème, les solutions à trouver ne sont certainement pas dans l’abolition des boucheries et des abattoirs comme le réclament certains militants, mais plutôt dans la création d’un imaginaire qui fait la part belle à un élevage raisonné, qui entend les préoccupations du public relatives au bien être animal, pour ensuite avoir une influence réelle et positive sur la manière dont sont élevées les bêtes. Quant à priver la majorité de la population d’une alimentation qui reste, naturellement, le régime qu’elle plébiscite, il n’est pas étonnant que cela ne se fasse pas sans résistance. 

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